Comme toutes ses autres journées, Emy était partie dans l'un des seuls bars qui ne l'avait pas encore viré. Mais ceci ne devrait pas tarder. Elle s'assit sur un siège devant le bar. Le fond des bars étaient plus réservés aux prostitués qu'y attendait les généreuses cartes bleus qui entraient ici. Elle se trouvait dans un bar qui avait l'air en mauvais état. Il y avait une fuite qui coulait le long d'un coin de la pièce et, un peu de moisissure avec. Les tabourets étaient abimés. À se demander si tu n'allais pas tomber si tu t’assois dessus. Il n'y avait qu'un seul barman, qui avait l'air d'avoir la soixantaine. Ridé et entièrement dégarnie. C'était pas très beau à voir.

Bref, comme à son habitude, elle commanda un verre de vodka. Oui, une vodka à 15h de l'après-midi. L'heure ne lui importait peu, tout ce qu'elle voulait c'était boire. Boire l'aidait à oublier. Emy était alcoolique et, elle l'assumait. Enfin, presque.

Arrivé 16h, après un deuxième verre, un clochard l'accosta. Imaginez vous le genre de langage que ce genre de pervers peut avoir. Emy avait beau avoir l'habitude de ce genre de gars, sa l'énervait à tel point qu'elle pourrait en amener un au cimetière. Mais elle savait rester calme, parfois.. Celui-ci commencé à mettre un bras autour de sa taille et de "renifler" ses cheveux. Après deux trois insultes et de "Dégages de là.", il continuait à faire ses petites affaires. Comme s'il était sourd. D'habitude, après une seule menaces, le gars partait la tête entre les jambes.. Pas lui. Non, il restait planté à côté de la demoiselle à la tripotée comme si de rien n'était.

Emy n'allait pas se laisser faire. Alors, comme à son habitude, elle foutu un gros poing au clochard avant de reprendre un verre. Le barman ne disait rien, il regardait celui-ci allongé sur le sol, comme mort. Une demi-heure après, le clochard se releva et se remit à coller Emy. En conséquence, elle lui redonna un poing puis quelques coups de pieds mais s'arrêta à ça, elle ne voulait pas refaire un séjour au commissariat avec ses pauvres flics qui ne savent même pas faire une phrase correct.

Après ça, elle partit s'asseoir un peu plus loin. Mais bien sûr, il revenu ! Il ne lâchait pas l'affaire, hein. Emy non plus n'allait pas le lâcher. Elle le prit par le col et le lança de l'autre côté du bars, contre les bouteilles. Quelques minutes après, le barman fonça sur le téléphone pour appeller les flics.

C'est ainsi qu'Emy se retrouva une fois de plus au commissariat. Elle était assise sur une chaise face à un bureau, dans une grande pièce. Des flics lui avait dit qu'un gars viendrait pour lui demander ce qu'il s'était passé. Alors, elle attendit. Enfermé dans cette pièce grise et vide. Un silence y régnait, comme dans un cimetière.

Aujourd’hui, Edward avait rendez-vous au commissariat. Non il n’avait rien fait de mal, et n’allait pas déposer de plainte. En réalité, dans le cadre de de ses études, il avait réussi à être accepter en stage chez les flics. Il avait la possibilité de s’y rendre quand il le voulait. Le but étant d’observer et d’apprendre tout de son futur métier. S’il avait pu être accepté parmi les policiers, c’est grâce à ses notes et à la recommandation de ses enseignants. Oui, il avait été pistonné quoi, mais au moins cela lui ferait une nouvelle expérience. C’est donc après les cours, qui s’étaient terminés plus tôt que prévu grâce à un professeur absent, que le jeune homme se rendit en ville, et plus précisément au commissariat. Il était toujours vêtu de la même façon. Une cape, et d’un costume. Une fois arrivée devant, il y pénétra lentement. Un flic s’approcha alors de lui, lui demandant ce qu’il désirait. Le noble se présenta, énonça la raison de sa venue. A ce moment-là, son interlocuteur compris, et le guida au bureau du commissaire, qui l’accueillit en lui demandant de s’asseoir. Apparemment, l’étudiant allait passer une sorte d’entretien.

En fait, ils discutèrent simplement. Le commissaire posait quelques questions à Edward, afin de connaitre ses motivations, sa mentalité. L’homme comprit rapidement la soif de justice du noble, qui n’avait pourtant pas détaillé les malheureux évènements qu’il avait subi. Il lui déclara qu’il y avait du travail, mais qu’il était sur la bonne voie pour devenir un jour un grand commissaire. Le jeune homme était plutôt rassuré, car il redoutait de ne pas être à la hauteur, malgré l’excellent travail qu’il faisait en cours. Après tout, l’école et la vie active étaient différentes. Suite à l’entretien, le commissaire demanda à sa « nouvelle recrue » de le suivre. Ils arrivèrent devant une vitre teintée. Derrière, se trouvait une jeune femme, assise sur une chaise en face d’une table. C’était comme à la télévision, ce qui rassura un peu Edward, qui ne se retrouvait pas totalement dans l’inconnu. Quoiqu’il en soit, l’étudiant reçu un topo sur cet individu. Elle s’appelait Emy Klaus, était âgée de 23 ans, avec des origines allemandes. Elle avait déjà un casier judiciaire, avec un an d’emprisonnement.

Apparemment, elle était aussi alcoolique. Une vraie délinquante quoi. Bref, lorsqu’il eut fini de parler, le commissaire demanda à Edward d’aller l’interroger. Hein ? Quoi ? Il était vraiment sérieux ? C’était sans doute un test. Soit, il allait relever le défi. Après qu’il ait accepté, un policier lui ouvrit la porte, et il pénétra dans la salle d’interrogatoire, avant qu’on ne referme derrière lui.
Là, il vit encore mieux le suspect. Cette jeune femme à la chevelure blonde avait des yeux bleus. Le physique typique d’un allemand quoi. Il remarqua aussi une cicatrice sous l’œil de la demoiselle. En tout cas, elle était belle. Dommage qu’un tel caractère gâche un corps comme celui-là. Ravalant sa salive, Edward s’approcha de la table. Tentant de rester aussi impassible que possible, on pouvait toute fois déceler un certain stresse dans son regard. Après tout, c’était la première fois qu’il était face à une situation de ce genre. Surtout qu’il s’agissait d’une épreuve, alors il ne voulait surtout pas décevoir ses spectateurs. Il avait carte blanche pour l’interroger comme il l’entendait, sauf par la violence. De toute façon, il ne frappait pas les femmes, aussi dangereuses soient-elles. Arrivant devant la table, mais surtout devant cette Emy, il prit la parole :

- Bonjour mademoiselle Klaus. Je suis Edward McFear, stagiaire et étudiant au pensionnat Anzu. On m’a chargé de vous interroger sur ce qui s’est passé au bar. Les témoins ont dit que vous avez littéralement balancé un homme par-dessus le comptoir du bar parce qu’il vous collait un peu trop. Résultat, la victime a atterrit à l’hôpital avec deux côtes et le nez cassés. Je peux très bien comprendre votre réaction vis-à-vis de ça, mais la violence engendre toujours la violence. C’est un cercle vicieux. Imaginez que ce gars-là ait des amis qui veulent le venger. Vous vous retrouverez sans doute dans une situation délicate. Alors s’il vous plait, réfléchissez bien aux conséquences de vos actes. Vous devriez vraiment reprendre votre vie en main. Il n'est pas trop tard...

Oui, un mec qui sortait tout juste de l’adolescence qui faisait un sermon à une adulte, à la place de l’interroger sur ce qui s’était passé, afin d’avoir sa version. De plus, gentil comme il était, il essayait de faire appel au bon côté de cette Emy Klaus, si elle en avait un. Les flics derrière la vitre teintée, devaient bien se marrer, et le trouver bien naïf. Mais bon, il était là pour apprendre et faire face à la dure réalité de ce monde. Il y avait des gens qui ne voulaient pas être sauvés de leur merde. Et peut-être que cette jeune femme en faisait partie.

Emy attendait patiemment le gars qui allait l’interroger. Complètement avachie sur la table, elle observait le mur gris où son regard s’était posé. La peinture commençait à partir, d’ailleurs. Ils devraient renouvelé.. La première fois qu’elle était venue l’endroit était presque neuf. Enfin bref.

Emy entendit le grincement de la porte, elle releva alors la tête. C’était un petit jeune, surement un stagiaire. Sa tenue fit sourire la demoiselle. Il portait un costume et une cape. Il était pas mal, surtout ses yeux violets. Au moins on pouvait être sûr qu’Emy lui parlera droit dans les yeux. D’habitude, les gars venant l’interroger son des gros flics qui ne pensent qu’à leurs donuts. Là sa changeait complètement. Elle le regarda s’asseoir, en gardant son petit sourire en coin. Elle était sûre à cent pour cent qu’il lui rabâchera les oreilles avec une leçon de vie. C’est d’ailleurs se qu’il fit. Emy était peut-être alcoolique, mais elle n’était pas pour autant conne. Elle savait se qu’elle devait faire ou dire. Et c’était pas un petit stagiaire comme lui qu’y allait lui faire ouvrir les yeux. Elle leva sa tête après un léger silence, et plongea son regard dans le sien.

"Ecoutes mon mignon.. Tes morales comme ça tu peux te les gardés, j'en ai assez entendu. Certes, je connais les conséquences de mes actes. Mais je n'allais pas non plus me laisser faire tripoté par un vieux pareil. Et puis changer.. pourquoi faire ? Je me sens bien là. Je fais ce qu'il me plait, enfin presque. Et puis c'est pas mon truc d'avoir une vie carrée, bien rangé. J'ai toujours eu une vie de débauche et d'excès. Pourquoi changer en si bon chemin ? Ouais, j'en aurais peut-être marre dans dix voir vingt ans. Je viendrai te rendre visite, hein ?"

Emy ne mâchait pas ses mots. Elle savait que ce genre de vie allait la détruire à petit feux. Mais autant profité pour le moment, non ? Elle ne voulait pas que les gens voient son "vrai" côté. Emy était toujours seule, alors elle se réfugiait dans des bars et se réconfortait avec une petite bouteille. Ou alors elle dormait, toute la journée.. Dans son petit appart' miteux.. On peut dire qu'elle faisait une dépression à durée indéterminée. Mais peu importe, Emy était forte.

Elle continuait de regarder son interlocuteur dans les yeux, attendant impatiemment une réponse de sa part. Elle n’allait surement pas être positif. Mais qu’importe, Emy avait l’habitude de ce genre de morale. Quelqu’un qu’y ne te connais ni toi ni ton passé, qui pense qu’avec une simple parole pouvoir te changer une personne. Bien naïf.

Edward écouta la jeune femme, ne s’étonnant pas de sa réponse, même si au fond de lui, il avait de l’espoir. L’espoir qu’elle veuille changer si on lui tendait la main. Mais apparemment elle aimait la vie qu’elle menait. D’accord, elle avait le droit de se défendre face à ce type qui l’avait tripoté, mais pas d’une façon aussi violente. Elle aurait pu appeler la police et ça aurait mieux fini pour elle. Mais cette demoiselle ne faisait apparemment confiance à personne et souhaitait régler ses problèmes par ses propres moyens. Le noble se demandait pourquoi elle était devenue comme ça. Il aurait bien aimé connaitre son histoire, afin de mieux la comprendre. Non il ne souhaitait pas devenir son ami, mais l’aider à s’en sortir. D’ailleurs il l’aurait fait pour n’importe quelle personne. Homme ou femme. Soupirant, il finit par s’asseoir sur la chaise, juste en face d’Emy. Il comprenait bien qu’essayer de la convaincre n’allait servir à rien, à part perdre du temps. Donc il allait passer à autre chose pour le moment.

- Très bien… Je comprends tout à fait le fait que vous ayez voulez-vous défendre, mais ça n’était pas la meilleure solution si vous ne vouliez pas faire commissariat pour agression. Et ça, vous le savez très bien. Vous auriez pu porter plainte, mais maintenant je pense que c’est trop tard… Mais bon, je ne vais pas vous embêter plus longtemps avec ça. Sur ce, je reviens.

Sur ces mots, il se leva, et prit la direction de la porte, afin de sortir de la pièce. Mais à peine avait-il ouvert, qu’il entendit des rires, qui se tue dès qu’il passa la porte. Apparemment, le commissaire et deux autres flics étaient en train de se marrer. Mais pourquoi ? Edward avait une hypothèse, mais il n’en fit rien. Il se dirigeât vers eux et le commissaire lui demanda s’il voulait arrêter. Le jeune homme affirma que non, mais qu’il avait soif. Il se rendit donc au distributeur, afin de se servir et de boire. Puis, il prit un autre gobelet, qu’il remplit aussi, avant de retourner en salle d’interrogatoire. En chemin, il entendit le commissaire discuter avec ses hommes. Ils disaient qu’ils n’allaient pas laisser Emy s’en tirer comme ça cette fois-ci. Le jeune homme passa devant eux, comme s’il n’avait rien entendu, avant d’aller rejoindre la jeune femme. Puis il posa ce qu’il avait dans la main, devant la demoiselle tout en s’asseyant :

- C’est pour vous. Quelque chose me dit que vous allez rester un moment ici… En réalité, d’après ce que j’ai déduit de la conversation que j’ai entendu entre certains flics, vous risquez de passer la nuit ici. Ils ne comptent pas vous laissez filer comme ça après ce que vous avez fait, et compte vous envoyer en prison à mon avis. Donc j’espère que vous avez un bon avocat. Dans le cas contraire, je pourrai toujours tenter de vous défendre, mais je ne garantis rien. Je pense que si vous n’aviez pas un casier judiciaire, ils vous auraient déjà relâché.

Puis il se tue, attendant patiemment une réponse. Elle allait sans doute rire. Le petit étudiant qui vole à son secours pour lui éviter la prison. Il la considérait comme une victime dans cette affaire. Après tout, si ce type ne l’avait pas tripoté, elle n’en serait pas là. Donc il voulait faire ce qui pour lui, était juste. Les flics avaient sans doute entendu ce qu’il venait de dire, et en riaient surement, mais Edward s’en fichait pas mal.

Emy continuait de regarder son interlocuteur, tout en passant la main dans ses cheveux. Il lui expliquait que ce qu'elle venait de faire contre son "tripoteur" n'était pas la meilleure chose à faire, qu'elle aurait pu très bien appelé la police pour régler ça. "Tss, la police. Que des bons à rien. Et puis, ils ne m'auraient surement pas cru.." pensa-t-elle. Elle croisa les jambes, continuant de fixer le jeune homme qui se leva et sortit de la salle. Elle esquiva un sourire, tout en se remettant à regarder le mur grisâtre qui se trouvait en face d'elle.

Une petite dizaine de minutes après, la porte s'ouvrit. C'était le petit stagiaire. Il tenait un verre dans la main qu'il posa en face d'Emy, sur la table, avant de prendre la parole pour lui expliquer qu'elle ne s'en tirerait pas comme ça aujourd'hui. Il lui proposa même d'être son avocat. Ce qui fit énormément rire Emy :

"Ah ! C'est une blague ? Dit-elle en reprenant son sérieux. Non sérieusement, y'a des caméras ? Mon chou, tu es si naïf. Je sais très bien qu'ils comptent m'embarquer. C'est leur rêve depuis que je suis sortie de taule y'a deux ans. De toute façon j'aurais un endroit pour dormir et, je serais nourris. Ma vie sera surement meilleure qu'ici, dans ce trou pourrit remplie de personnes aussi pourrîtes que moi. Que demander de mieux ? J'ai toujours été positif, je ne changerais pas. "

Elle soupira, avant de rajouté :

"Mais bon, merci quand même. Mais ça ne m'aidera pas."

Ne sachant pas quoi répondre d'autre, elle tourna la tête face à la vitre teintée. Elle savait très bien qu'on l'observait. Depuis le temps qu'elle venait ici, elle connaissait les lieux par coeur. On ne peut pas dire qu'elle en était fière. Elle regrettait souvent les conneries qu'elle avait fait durant sa jeunesse à cause d'un petit beau gose de connard qu'elle avait suivi. Tellement naïve. Maintenant elle se retrouvait ici, dans une impasse. La prison ou la prison ? Les choix donné ne sont pas vraiment en son avantage.